Rendez-vous

Ils ont rendez-vous. Ils le savent. Les épis verts, très verts, puis jaunes. Ces tiges qui ont bu, beaucoup, et qui se montrent desséchées en Octobre. Tous et toutes les autres y sont passés. Les gros engins rôdent. Des « convois agricoles » qui se dandinent sur les départementales. Leurs chauffeurs haut-perchés dominant le monde et les terres.

Là, quelques parcelles demeurent encore le cheveu ébouriffé, la mèche rebelle. Le vent fait onduler les pousses comme autant de caresses ou de petits tourments, que l’on se surprendra, plus tard, à regretter.

Ce sera à la fois une délivrance, une cruauté et de l’inéluctable que l’on a joué à repousser. Tout à la fin de l’été, comme au début de l’automne. Une échéance, une fatalité. La mécanique d’un couple rôdé, érodé aussi . Une illusion entretenue et qui se répète à l’envi, chaque année.

Le deux temps, semence-récolte. Au rythme des saisons, dans un pas de deux qui bouleversera le paysage. Un deux-temps qui fonctionne. Du grain à amasser, que l’on ne veut pas perdre, mais que l’on éparpille au gré des différents passages. Sur la terre cultivée, au profit des oiseaux, de glaneurs et de tout une peuple d’animaux. Sur la route, comme pour témoigner de sa ruralité qui s’en va, qui s’en vient. Qui compte sans compter. Qui se dépense, souffre, crève à crédit. On dit aussi, à petits feux.

Mais le maïs n’y coupera pas. Les « coiffeurs » vont passer, et à domicile encore. Nul besoin de se déplacer! Entre celle-ci qui aspire le grain, comme les deux doigts du tailleur pour coincer et couper la mèche de cheveux, et celui-là qui n’en perd pas une touffe ou si peu. La pluie aurait pu constituer une alliée de poids. Trop d’eau retardant le passage fatal. Mais le soleil est là, de nouveau, sans forcer son talent. C’est pour cette semaine.

Agur

 

 

 

 

bty

 

 

 

 

 

 

 

 

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